Le tout nouveau président de l’association des vins de Bandol M. Gravier a créé la polémique en adressant un courrier au maire de Bandol et en faisant une déclaration dans Var Matin menaçant de ne pas organiser la fête des vins si le bail de l’Oenothèque n’était pas prolongé. Le maire Jean-Paul Joseph répond aux questions qu’aurait pu lui poser Var Matin.
Quelle est votre réaction à cette polémique ?
Ma première réaction, c’est de dire que je n’ai pas pour habitude de me laisser impressionner par ce type de chantage.
Ce chantage est une manière curieuse de lier deux sujets qui n’ont pourtant strictement rien à voir : l’organisation de la fête des vins et les conditions du bail commercial d’une société privée.
Je note par ailleurs que M. Gravier parle dans la presse de « fédérer pour avancer du bon pied » ou encore que son « travail principal est de recommuniquer pour recréer un lien et restaurer la confiance ». C’est très mal parti et je lui rappelle que l’association dont il vient de prendre la direction est loin de regrouper tous les vignobles de l’appellation. J’ai déjà eu des témoignages de vignerons choqués par cette attitude hostile.
A ce sujet, M. Gravier vous a écrit que l’appellation des vins de Bandol participe grandement au rayonnement de Bandol…
Il a raison, il est indéniable que les vins de Bandol et leur grande qualité participent à la réputation de la ville. Mais il ne faut pas oublier que la commune de Bandol et son image internationale ont aussi grandement participé à la réputation de l’appellation, et que la commune ne mérite pas d’être traitée de la sorte. Cela fonctionne dans les 2 sens.
Pourquoi la Maison des vins a-t-elle dû être mise en vente ?
Nous sommes contraints de vendre cet immeuble pour des raisons juridiques. La Sogeba, société d’économie mixte qui gère par ailleurs le port, a construit sur ses fonds propres cet immeuble sur un terrain appartenant à la commune via un bail à construction signé en 2007. En contrepartie, la Sogeba a le droit d’exploiter l’immeuble pendant 50 ans.
Nous avons été informés en septembre 2016 que ce montage était illégal et que la Sogeba ne pouvait juridiquement gérer de l’immobilier n’ayant pas de rapport avec ses activités portuaires. Il nous faut donc rompre le bail à construction qui lie la Sogeba à la commune.
À partir de là, soit la commune récupère la gestion de la Maison des vins et indemnise la Sogeba (indemnité qui a été fixée par un expert indépendant à 2,2 millions d’euros), soit elle est mise en vente.
Sauf à ce que les contribuables Bandolais me disent qu’ils sont tous prêts à mettre au moins 500 euros de leur poche pour que l’on conserve cet immeuble – et je ne pense pas que ce soit le cas – nous avons fait le choix le plus logique : la mettre en vente.
Cette vente n’est-elle pas faite pour que la commune récupère au passage de l’argent ?
L’aspect financier de cette vente n’est à aucun moment entré en ligne de compte dans la décision, qui n’est que purement juridique. Certains opposants affirment que nous avons ainsi financé les travaux du quai de Gaulle. C’est faux, ces travaux bénéficient d’un plan de financement dans lequel aucune somme ne vient d’une quelconque vente…
Par ailleurs, la ville ne va récupérer qu’une partie mineure de la vente, l’essentiel allant à la Sogeba. L’expert a estimé la part de la commune à environ 600 000 euros.
M. Gravier vous accuse de ne pas avoir fait tout ce que vous pouviez pour préserver l’Oenothèque. Que répondez-vous à cela ?
Que cela mérite un petit historique : l’Oenothèque, société privée qui génère du bénéfice, bénéficie d’un bail commercial dans un des locaux de la MDV, à un loyer très attractif pour cet endroit (170 euros/an/m2). C’est très éloigné des tarifs normaux du secteur pour une telle façade commerciale.
La Sogeba, et donc les plaisanciers, financent ainsi depuis 10 ans les dividendes générés par cette activité commerciale puisque ce loyer très bas rend globalement l’activité de l’immeuble déficitaire depuis sa construction. M. Gravier ne devrait pas l’oublier et plutôt remercier la commune et la Sogeba d’avoir fait un tel geste.
Reconduire ce bail 10 ans plus tard dans les mêmes conditions en s’engageant sur 9 ans supplémentaires n’est pas envisageable alors que nous cherchons à vendre l’immeuble.
J’aurais préféré qu’il vienne vers nous et demande à renégocier les conditions. Nous l’aurions fait sans difficulté. Au lieu de cela, il a décidé, alors que le bail de l’Oenothèque a expiré il y a un an et demi, d’entrer dans une relation de chantage. Son prédécesseur n’avait apparemment pas du tout la même vision.
Vous l’avez reçu récemment. Qu’aviez-vous échangé ?
Je l’ai reçu à sa demande le 26 juillet dernier. Hormis le fait qu’il est arrivé avec ¾ d’heure de retard, tout s’est très bien passé. Aucune ombre, une volonté de poursuivre le partenariat sans aucune réserve. Je lui ai bien expliqué les tenants et aboutissants de la vente, notamment sur le fait que le futur acquéreur serait tenu aux mêmes contraintes vis-à-vis des locataires que son bailleur actuel, la Sogeba.
Et il a été rassuré lorsque je lui ai dit que dans le pire des cas, il existait une alternative à côté de l’office de tourisme. Il s’est dit rassuré, reconnaissant que l’emplacement serait tout à fait adapté également.
Que va faire l’éventuel repreneur de la Maison des Vins ?
Nous avons voulu le laisser libre de faire son choix. C’est pourquoi, dans l’hypothèse où il déciderait de ne pas renouveler le bail de l’Oenothèque, ce qui ne se fait d’ailleurs pas de manière si simple en vertu des règles régissant les baux commerciaux, nous avons envisagé des solutions de repli, comme je l’ai indiqué.
M. Gravier vous reproche que tout serait déjà ficelé…
Il devrait plutôt être satisfait que nous ayons à l’avance envisagé tous les cas de figure possibles afin que l’Oenothèque puisse rester à Bandol dans un emplacement attractif quoiqu’il arrive !
Il a également déclaré que la solution de repli de ne l’intéressait pas…
Encore une fois, j’en suis très surpris, et ce n’est pas du tout la réaction qu’il a eu lorsque je l’ai rencontré. On parle de locaux situés dans le cœur de ville, avec un très fort passage piéton et une grande visibilité, en tout cas plus importante que devant la Maison des vins.
Ce changement d’attitude en à peine un mois me laisse d’ailleurs très dubitatif sur les réelles motivations de M. Gravier. L’agenda politique n’est sûrement pas étranger à ce total revirement.
La fête des vins est donc menacée ?
Au vu de ce chantage inacceptable, nous allons résilier la convention d’objectifs qui nous lie à l’association des vins de Bandol et organiser nous-même cette fête.
N’est-ce pas un peu tard pour organiser un tel évènement ?
M. Gravier ne me laisse pas le choix. Nous allons mobiliser toutes les énergies et réussir une belle fête des vins.
Un dernier mot ?
Je peux assurer les Bandolais que nous allons tout faire pour que cette fête des vins, dont le concept sera sensiblement modifié afin de la moderniser, rayonne et soit un véritable succès.
J’invite d’ailleurs tous les domaines intéressés à nous contacter : nous les accueillerons avec plaisir et avec des conditions très favorables dans un objectif commun de rayonnement de l’appellation.
A l’occasion de la Fête des Vins de Bandol, les vignerons pourront promouvoir leur domaine et vendre leurs produits lors d’un événement qui s’annonce comme une grande fête populaire.