Ah la belle opposition constructive ! Le si doux contre-point, la légère critique qui fait avancer, le bon sens tellement évident et l’esprit collectif toujours mieux partagé… quand il vient de soi…
Serait-ce le vent d’est qui a soufflé fort cet hiver ? La houle rageuse de la mer démontée ? Peut-être. Les largades répétées ont mis à mal l’intérêt général, celui des Bandolais : conseil après conseil, le naturel reprend vie. Quelle force ! Quelle verve ! Quelle audace ! Rien n’est trop gros: ni les approximations, ni même le mensonge. Ne parlons pas de la démagogie lancinante qui épuise l’auditoire le mieux disposé.
L’opposition, menée d’une main de fer par Mme Cercio fait feu de tout bois : chaque séance du conseil est préparée avec minutie, la dramaturgie est soignée, le coup d’éclat (à défaut du coup d’état) est une scène paroxystique dans laquelle l’élue se meut en héroïne et vient révéler au public ébahi SA vérité.
Le scénario se répète immuablement: quelques questions techniques, voire barbantes, généralement hors sujet constituent la première partie, histoire de chauffer l’ambiance. Les réponses, fussent-elles d’une précision d’horloger, ne satisfont pas la questionneuse qui les trouve trop complexes ou ne les comprends pas. Que le maire ait l’audace de répéter ses explications pensant en toute bonne foi qu’elles n’étaient pas suffisamment détaillées et le voilà vilipendé et accusé de ne pas dire toute la vérité ! Mme Cercio n’écoute déjà plus, elle interrompt, s’emballe et condamne. La sentence tombe comme un couperet, les accusés trembleraient presque s’ils ne savaient que ce mauvais procès était de toutes pièces monté.
Prenons deux exemples.
Conseils municipaux des 20 janvier et 9 février: Débat d’orientations budgétaires et budget primitif. Autrement dit les deux rendez-vous les plus importants de l’année. C’est pendant ces deux séances que les élus vont débattre des investissements à faire pour la ville, prendre les décisions politiques en matière de culture, d’animations, de subventions aux associations, lancer les grands projets et veiller dans le même temps à tenir le budget, c’est à dire ne pas augmenter les impôts.
On pourrait donc s’attendre à une vraie discussion de fond sur les choix proposés: faut-il prioriser le « mieux-vivre » (sécurité, voirie, propreté, embellissement de la ville…) ou favoriser l’attractivité (plages, tourisme, commerces, hôtellerie…)? Faut-il lancer de grands travaux (quai de Gaulle, parkings…) ou augmenter la capacité hôtelière et l’offre à l’international (complexe 5 étoiles, centre d’affaires…)?
Ces questions passionnantes n’ont hélas pas été posées par une opposition qui, pied au plancher, n’a pas dépassé la hauteur de la pâquerette:
Mme Cercio : Concernant les dépenses de fonctionnement, chapitre 12, ligne 6331, versements de transports, on passe de 92683€ à zéro. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi ?
M. le Maire : il faut que je vérifie le réalisé… Au réalisé, il y a eu 0€, donc on se base sur le réalisé de l’année dernière.
Mme Cercio : Et il y a une raison?
M. le Maire : On va demander à Mme la directrice financière.
Directrice financière : La DRH imputait cette somme. Certaines villes sont assujetties à la redevance transports, nous ne le sommes pas.
On sent à travers cette première question la naissance d’un débat passionnant. La suite ne déçoit pas. Ni les réponses, ni le budget n’intéressent à vrai dire Mme Cercio qui poursuit un seul objectif : reprocher au maire son retard à une commission municipale alors qu’elle-même n’était pas à l’heure.
A vrai dire, Mme Cercio n’est pas très à l’aise avec les choix budgétaires. Souvenons-nous qu’elle a soutenu ceux de M Palix dont on sait aujourd’hui qu’ils ont failli conduire Bandol dans le mur.
Deuxième exemple. Le tribunal administratif saisi par Mme Quilici vient de rejeter le budget de 2015 tel qu’il a été validé par le préfet de l’époque Monsieur Pierre Soubelet.
Petit rappel: en 2015, le budget équilibré et sans hausse d’impôts présenté en conseil municipal est rejeté par deux fois par Mme Quilici et son groupe. La procédure prévoit dans ce cas que la chambre régionale des comptes examine le budget de la ville et fasse ses préconisations au préfet qui a pour mission de régler ledit budget. Ce dernier retient un certain nombre de propositions mais estime que la saison estivale et les animations prévues doivent être maintenues, ce que ne prévoyait pas la CRC. Pour cela, il est nécessaire de son point de vue d’augmenter les impôts. Le choix est simple. Pour la CRC, des coupes drastiques doivent être faites pour tenir le budget, donc pas d’animations, ni de spectacles l’été; pour le préfet, il est préférable de demander aux Bandolais de faire un effort et sauver la saison. Bien qu’ayant voté contre le budget présenté par le maire, Mme Quilici dépose un recours pour demander l’annulation des impôts décidés par le préfet. Une sorte de double peine.
Contrairement à ce qu’affirme Mme Cercio, la décision du tribunal administratif n’était pas connue de la mairie et pour une raison toute simple : la ville de Bandol n’est pas partie de ce recours qui a été fait contre la préfecture et non pas contre la municipalité. On peut s’étonner ou regretter que ni le tribunal administratif, ni la préfecture n’aient alerté la mairie, mais c’est un fait.
Mme Cercio, dont c’est l’obsession, ne cherche qu’à dénoncer « une opacité systématique ». Quelle opacité ? Une fois de plus ce recours concerne uniquement la préfecture qui vraisemblablement va effectuer une régularisation rétroactive. Il ne s’agit pas comme l’a titré un peu vite Var Matin « d’annulation de la hausse des impôts » mais de l’ensemble du budget 2014. Ce cas de figure a déjà eu lieu et la régularisation a été faite a posteriori. Difficile d’imaginer que toutes les factures, salaires et prestations engagés par la mairie soient remboursées et que l’année 2014 soit « blanche » sur le plan budgétaire.
Après quelques courtes heures « d’opposition constructive », suivies de semaines de guérilla théâtralisée lors des séances du conseil municipal, Mme Cercio révèle son vrai visage : « désinformation », « autoritarisme », « mensonge » sont les mots qu’elle agite comme des fétiches pour masquer l’incommensurable vide de ses propositions. Car Mme Cercio n’a pas de projets ni pour Bandol, ni pour les Bandolais. Ou plutôt si, elle a un projet, un seul, pour elle-même : devenir maire.
Les élus de la majorité.