Jean-Paul Joseph
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Alfred Kastler, Prix Nobel et Bandolais, donne son nom à la médiathèque

Médiathèque A KastlerVendredi soir, la médiathèque de Bandol, rénovée et mise à jour pour le XXIème siècle a été inaugurée. Elle a surtout été baptisée du nom d’un grand Bandolais. Voici le discours que j’ai eu la fierté de prononcer devant le public nombreux qui était réuni pour cette occasion et la première visite lors de cette réouverture, après avoir salué les élus présents et représentants de la Région, du Département, et des partenaires, ainsi que les proches d’Alfred Kastler.


Permettez-moi de commencer cette allocution par 3 saluts appuyés :

  • aux instances dirigeantes de la Direction régionale des affaires culturelles qui ne peuvent être là aujourd’hui en raison du calendrier de leur ministère, mais qui ont joué un rôle essentiel dans l’aboutissement de ce projet qu’ils ont accompagné de très près, validé et cofinancé de façon cruciale : William Jouve qui a fait la plus grosse part, mais qui a repris au bond la balle lancée par Louis Burle, et leur hiérarchie.
  • David FOENKINOSDavid Foenkinos, parrain qui nous honore en acceptant de venir associer la littérature à la science, en mariant ce soir son nom et son talent d’écrivain, à celui d’un homme de science qui était également beaucoup d’autres choses, et notamment un poète.
    Nous serons sans nul doute nombreux à savourer la conférence qu’il a accepté de tenir pour l’occasion chez nous, juste en dessous de la médiathèque Alfred Kastler, au théâtre Jules Verne tout à l’heure.
  • et enfin les petits-enfants d’Alfred Kastler que je remercie tout particulièrement d’avoir accepté que cette médiathèque prenne le nom de leur grand-père : Nora Kastler (toujours bandolaise), Bruno Kastler (venu de Paris) et Jean-Loup Kastler (qui a fait le déplacement depuis Grenoble).

Je voudrais vous dire l’immense plaisir qui est le mien en ce jour particulier où nous inaugurons une médiathèque repensée pour le XXIème siècle. Parce que, et je remercie en particulier Hervé Baud notre conseiller municipal notamment chargé de la culture, si les élus municipaux ont voulu pousser ce projet, c’est aussi dans le cadre d’une impulsion nationale donnée par le ministère de la culture. Lui-même a puisé dans le travail d’audit d’Erik Orsenna en 2017, pour repenser les modalités d’accès à la culture en tenant compte des usages, des aspirations, des outils aussi de notre époque. Et c’est une réussite, dont je souhaite que les Bandolais s’emparent avec autant d’enthousiasme que tous ceux qui ont contribué à ce projet.

Remercions évidemment la DRAC pour la validation d’un chantier assumé en commun puisque la commune n’a financé plus ou moins que 50% du coût total, grâce à une subvention de 180.000€ complétée par la Région Sud PACA (33.000€) et le Fond National d’Aménagement et de Développement des Territoires (France Relance pour 20.000€ qui
ont beaucoup pesé dans notre décision d’inclure dans le projet le volet micro-folie – autrement dit l’accès numérique à un nombre considérable d’oeuvres d’art des musées nationaux).

Mais je laisserai aux autres intervenants le soin de vous décrire ce que certains ont entraperçu lors de la visite libre à 17 h 00 : ils vous parleront de partage de connaissance, de convivialité, de modernité.
marine BeridotMadame Marine Beridot vous reparlera d’ailleurs de l’extraordinaire dispositif Micro-folie dans un instant (et je glisse au passage un remerciement tout particulier à l’Établissement public du Parc et de la grande Halle de la Villette).

Le plaisir dont je parle, c’est aussi de m’attarder sur l’honneur de Bandol à choisir un nom exceptionnel pour s’approprier ce nouvel outil de savoir et de loisir, de culture et d’échanges. Bandol compte parmi ses enfants adoptifs, un prix Nobel, excusez du peu, qui n’avait encore jamais obtenu de marque particulière de la ville où, partageant le coup de coeur de sa femme, il avait choisi de s’établir à la fin de sa vie, et où il est mort, laissant ensuite la marque de cet attachement, avec des Kastler toujours présents à Bandol, notamment Nora, sa petite-fille qui réside toujours parmi nous.

J’ai eu la chance de connaître sa veuve que j’ai soignée il y a des années, et chez qui j’ai partagé le plaisir de séances de piano, passion commune. Je connaissais donc son parcours, comme d’autres parmi les élus : Jean-Pierre Chorel notre adjoint à l’urbanisme par exemple a été en classe à l’école de Bandol avec l’un des petits-fils d’Alfred Kastler. Beaucoup de familles locales savent donc, mais malgré quelques hommages, notamment des collèges je crois et autres plaques commémoratives en France, cet homme exemplaire est relativement méconnu des Bandolais comme des Français.

inaugurationJ’y ai donc repensé lorsque nous nous sommes posés la question de baptiser cette médiathèque, autrement que par son simple nom fonctionnel : local ou pas, homme ou femme, quel niveau de notoriété ?
Tant de questions à l’heure de choisir !

C’est finalement un autre élu, Philippe Rocheteau, qui a emporté la décision lors d’une conversation où je lui parlais de cet homme exceptionnel, profondément lié à Bandol et pourtant si peu connu de Bandolais qui n’ont pas été contemporains du décernement du Nobel de physique de 1966, ni n’ont eu la chance de fréquenter cette famille.

En découvrant les multiples facettes de ce profil incroyable (né allemand et européen convaincu, scientifique ayant poussé l’excellence jusqu’au plus prestigieux des prix et dont les travaux ont ouvert la voie à la technologie du laser, humaniste et pacifiste, fondateur d’une ONG majeure sur la fin du XXe siècle et toujours essentielle aujourd’hui – Action contre la faim – auteur aussi et notamment de poésie dans sa langue de naissance à laquelle il resta attaché,…) M. Rocheteau n’eut pas de mal à convaincre ses collègues, je l’étais déjà bien sûr, que nous ne pouvions pas laisser passer cette occasion de graver le nom de cet homme dans la mémoire de la ville, de transmettre la mémoire de ce Bandolais exceptionnel aux générations d’habitants qui fréquenteront ce temple commun, consacré à la curiosité et à l’ouverture de nos esprits.

L’évidence nous a sauté aux yeux : la médiathèque de Bandol devait porter le nom d’Alfred Kastler et personne d’autre, alors même que nous avions envisagé et travaillé sur différentes modalités de sélection parmi des noms qui avaient tous une légitimité pour symboliser localement ce lieu de culture, ou une valeur d’exemple pour notre jeunesse et les générations qui suivront. Alfred Kastler réunissait sur son nom toutes les valeurs que nous voulions incarner dans cet espace collectif si particulier.

Guy FLORYJe laisse à d’autres, Guy Flory qui l’a connu dans le travail, et bien sûr sa famille, le soin d’évoquer des détails de la vie ou la personnalité extraordinaire d’Alfred Kastler, en remerciant Nora, Bruno et Jean-Loup qui nous ont beaucoup aidé et fourni des informations et photographies.

Je me dois aussi de remercier le département du Var, pour le soutien et l’accompagnement de la Médiathèque Départementale du Var en particulier. Et nous oublions certainement de remercier des appuis plus discrets mais qui ont compté comme celui de la ville de La Ciotat qui a permis à nos services d’appréhender concrètement l’utilisation de la technologie RFID, qui facilitera tellement la vie des usagers et des agents de notre nouvelle médiathèque.

Enfin, je remercie tous les fonctionnaires qui se sont engagés dans l’aventure avec professionnalisme et passion. Tous les agents de l’équipe de la médiathèque et plus largement du pôle « Animation Culture et Communication », emmenés par leur Directeur, Monsieur Gentit, ainsi que les services techniques de la ville. Toute l’équipe termine aujourd’hui un sprint collectif qui a duré plus de 2 mois pour la dernière étape : la transformation concrète !

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Etant à l’origine de l’entrée du nom d’Alfred Kastler dans notre liste de noms possibles, je ne vous cache pas que c’est presque un moment d’Histoire que j’ai le sentiment de vivre à l’échelle de Bandol, et votre présence à tous, Bandolais futurs usagers, ou bien représentants des institutions qui ont permis à ce projet de naître d’un effort qui a dépassé la ville, votre présence le démontre. Alors si ce n’est l’Histoire avec un grand H, c’est à tout le moins un moment symbolique très fort qui nous réunit.
Donc pour trace de ce symbole, sur la photo tout à l’heure, au moment de couper le ruban, je tiens à ce qu’on garde dans le cadre, la présence de la famille Kastler et celle de M. Flory qui permet au laboratoire d’Alfred Kastler de vivre un peu parmi nous aujourd’hui.
Je souhaite que soient à mes côtés M. Baud élu qui a porté la volonté de ce projet, Mme Bouron la première adjointe “en charge des générations futures” avec ses délégations relatives à l’enfance en particulier, et autre élu M. Rocheteau qui m’a appuyé pour le choix du nom.
conférence D FoenkinosLa présence d’un parrain aussi prestigieux que David Foenkinos qui nous dira lui aussi quelques mots dans un instant avant sa conférence de 19h30 est évidemment une composante essentielle de ce moment symbolique, et nous serons tous honorés de l’entourer au moment où il jouera des ciseaux.

jean-loup KastlerJe vais maintenant laisser la parole dans un 1er temps aux membres de la famille Kastler et à M. Flory, mais après une dernière remarque :

Certains critiqueront cet effort financier non négligeable pour la commune malgré les aides reçues, notant qu’il ne faisait pas partie du programme politique sur lequel notre équipe a été élue pour diriger Bandol. Mais comme l’illustre le formidable exemple d’Alfred Kastler, la culture, dans toutes les acceptions du terme, est essentielle, et mérite une attention permanente. Nos associations locales le savent avec un appui tout à fait remarquable de la mairie de Bandol, qui date de bien avant mon premier mandat. Bandol a historiquement toujours soutenu et bénéficié d’une activité culturelle notable au travers de son dernier siècle de développement.

Aussi je voudrais terminer par les mots de Churchill à qui on proposait de réduire les dépenses culturelles au profit de l’effort de guerre et qui le refusa à peu près en ces termes :
“Si la culture est une préoccupation mineure, alors pourquoi nous battons-nous ?”.

Crédit photos : ville de Bandol
Catégorie: Service public
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