Jean-Paul Joseph
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“Mais à quoi pensent-ils donc ?”

AFFICHE-reunion-publique-plan-velosA 2 jours de la réunion publique qui présentera le « plan vélo » voulu par la majorité municipale de Bandol, je publie ici le texte de la tribune parue en novembre dernier dans le journal de la Ville, sur certaines critiques simplistes relatives à la voie verte, qui achève le premier kilomètre de notre plan vélo dans quelques semaines.

Les réseaux sociaux ont accentué le phénomène depuis le milieu des années 2000. Des réponses a priori simples devraient pouvoir être appliquées à toutes sortes de problèmes. Or certains politiques ne semblent pas comprendre ces réponses simples : ils ignoreraient le “bon sens”.
Mais, la réalité est souvent plus nuancée. Parce que la réglementation, les ressources disponibles, le coût direct ou indirect, les effets secondaires, les délais nécessaires, etc., sont autant de facteurs qui peuvent “tuer” l’évidence. Mais cela demande souvent du travail d’étude ou de l’expertise sur des sujets connexes.

Prenons l’exemple de la réalisation d’une voie douce à Bandol sur l’avenue de la Libération.
L’évidence semblerait être de créer une piste cyclable réservée aux 2 roues, puis une promenade piétonne en bois à côté. Ces évidences se heurtent pourtant à la réalité du terrain :

  • La largeur disponible sur l’avenue ne permet pas de créer une piste cyclable double sens dédiée. Seule une voie douce est réalisable physiquement : sauf à la construire sur la mer, ou à raser une rangée d’immeubles sur l’autre bord de la voie pour gagner les mètres manquants.
  • Le béton est plus adapté que le bois à un usage mixte où vont circuler différentes tailles de roues (rollers des enfants, bicyclettes, fauteuils, etc.). Générant également moins de bruit pour le voisinage au passage.
  • Si le béton emmagasine un peu plus la chaleur sur la longueur d’une saison, de la bonne couleur il chauffe en fait beaucoup moins que du bois (si brûlant qu’il est presque impossible de marcher pieds nus aux heures les plus chaudes pendant des semaines ou des mois chaque été). Pour un équipement en bord de plage, c’est un élément important.
  • Béton de surface, ou béton pour la structure sous le bois (regardez sous les lattes), peu de différences en termes d’imperméabilisation du sol. Et à quelques mètres de la mer, la perméabilité des sols a moins d’intérêt : c’est l’imperméabilisation en amont qui provoque un ruissellement dangereux, pas au moment où l’eau est quasiment déjà dans la mer.
  • Les 2 matériaux ont des comportements très différents dans la durée, comme des esthétiques, ou des coûts différents au moment de l’investissement puis venu le temps de l’entretien, etc.

Tous ces paramètres sont connus des cabinets d’ingénierie qui interviennent pour aider la décision des élus, accompagnés des fonctionnaires.
Avant la décision du maire ou des élus délégués à tel ou tel sujet, il y a une somme de connaissances multiples qui est utilisée, étudiée dans le cas précis de la question à traiter. Les résultats sont souvent débattus, le tout représentant des heures de travail parfois considérables, de très nombreuses réunions avec des spécialistes, en fait bien plus qu’une réunion publique d’une heure trente ne peut expliquer (même si elle est là pour synthétiser le travail autour de choix lourds ou sensibles).

À toutes ces critiques (trop ?) simples sur des questions complexes, la réponse est donc qu’il y a énormément de paramètres à prendre en compte pour un équipement public.
Les réponses simples à des problématiques complexes ne sont jamais gage de vérité

Catégorie: environnement, Travaux, Urbanisme
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